SITUATION NATIONALE:Déclaration conférence de presse du 03 juin 2016 Cercle d’Eveil (CEDEV) et Réseau des Organisations de la société Civile pour le développement



La vie d’une nation dépend des facteurs endogènes et exogènes. Le Burkina Faso ne saurait échapper à cette sorte de ‘’loi’’ ou de ‘’diktat’’ qui régente, aussi longtemps, aussi profondément, aussi positivement ou négativement qu’ils existent, la vie des populations. 

Ces facteurs qui influent sur l’évolution socio-économique d’une nation sont soit des faits de l’homme ou naturels et conditionnent la vie. Au Burkina Faso, depuis déjà près d’une dizaine
d’années, plusieurs sortes de gangrènes sociales sont apparues, mettant à rude épreuve l’autorité de l’Etat.

L’INCIVISME

L’incivisme, véhiculé aussi bien par la jeunesse que par la population en général, annihile à de forts degrés, l’autorité de l’Etat et ses efforts en matière de réalisations socio-économiques. Cet esprit de mauvaise citoyenneté a gagné le champ économique, occasionnant ainsi d’énormes manques à gagner en termes de ressources financières pour l’Etat.Il se manifeste par la remise en cause de tout ce qui peut représenter une autorité (de la contestation des décisions gouvernementales aux commissariats et gendarmerie que l’on brule en passant par la violence contre des enseignant par leurs élèves) et l’incivisme économique (fraudes fiscales et douanières).

L’INSECURITE

L’Insécurité, après s’être pernicieusement installée chez nous, est en passe de devenir un phénomène normal. Partout, elle se signale avec toujours des dégâts, des pertes financières et humaines. Dans une telle atmosphère, il est certain que la quiétude, propice au travail et à l’investissement aussi bien interne qu’extérieur, ne sera pas au rendez-vous. La conséquence directe sera qu’un des volets à la coopération qu’est l’investissement, tardera à s’annoncer ou se repliera s’il n’était déjà là. De cette insécurité générale, il faut accorder une attention particulière à un de ses aspects nouveaux mais réels, à savoir la menace terroriste qui, même si elle constitue une forme d’insécurité, mérite un traitement particulier.

LA MENACE TERRORISTE

Les attaques terroristes que le pays a enregistrées en janvier 2016 et qui continuent par des attaques de commissariats et de gendarmerie aux frontières, ne sont pas de nature à encourager les investisseurs qui ont besoin d’être rassurés avant d’entreprendre quoi que ce soit au pays des hommes intègres. Il faut donc accepter que là où l’insécurité élit domicile, le développement répond «absent ». Aussi, faut-il vite travailler à revoir les choses pour qu’une habitude de « pays peu fréquentable » ne germe dans les esprits des investisseurs. Le gouvernement doit présenter le plus rapidement possible un plan général de sécurisation du pays indiquant les mesures indispensables à une sécurité minimum des populations et des institutions. Plus aucun agent de sécurité ne doit succomber sous les balles terroristes. Il y va de la crédibilité du Président du Faso, qui est en même temps ministre de la défense.



LA REMISE EN CAUSE DES ACQUIS DE L’INSURECTION

Le Burkina Faso a vécu l’insurrection populaire des 30 et 31 octobre 2014, entre autre parce que les populations vivaient dans une situation où la justice sociale avait du plomb dans l’aile. Si la transition avec les tares qu’on lui connait a entrepris des réformes pour y remédier, l’action gouvernementale du pouvoir issu des élections mettant fin à la transition ne rassure pas. Certes des mesures sociales sont prises mais qui ne touchent pas l’ensemble des Burkinabè. Il y a eu la revalorisation salariale, l’annonce de recrutement de jeune même de façon temporaire, mais quelles mesures prend-t-on pour la grande masse, les populations rurales et paysannes, que fait-on pour une meilleure redistribution des maigres richesses, que fait-on pour améliorer le panier de la ménagère ?

L’injustice sociale et économique qui existait avant l’insurrection, n’a pas été corrigée par la transition et se manifeste de plus belle sous le nouveau régime. Le sens véritable du soulèvement populaire d’octobre 2014, c’est l’équité sociale et politique et la rupture d’avec les pratiques de l’ancien régime. Il ne s’agit pas seulement de changer les individus de place et de continuer comme par le passé. Le nouveau régime est appelé à cesser la gestion sectaire et patrimoniale des affaires publiques et à désigner des responsables aux différents postes qui sont au dessus de tout soupçon.

L’INDEPENDANCE DE LA JUSTICE

Avec les Etats généraux de la justice qui se sont tenus en 2015, de grandes décisions la concernant ont été prises parmi lesquelles on note l’apologie de son indépendance. En ligne de force, il a été décidé que désormais, le Président du Faso n’est plus le Président du conseil supérieur de la magistrature. Jusque-là, il faut souligner que du fait que le Président du Faso soit le Président du conseil supérieur de la magistrature, on suspectait les juges et tout l’appareil judiciaire d’être dépendant de l’exécutif, et que son indépendance n’était que théorique. Il aurait donc fallu procéder à cette opération pour rendre la justice indépendante. Mais, faut-il seulement décider ou légiférer pour rendre les choses telles qu’elles doivent l’être ?

L’indépendance de la justice est sur du papier ; il faut absolument, pour qu’elle soit une réalité, que chacun joue sa partition : le politique, le juge et le justiciable. Sinon, on a beau claironner, on restera encore pendant longtemps dans une situation oὐ la justice risque encore de se retrouver remorquée par le politique qui n’en aurait cure. 

Dans notre pays en proie aux maux sociaux multiples, il faut bien une thérapie de choc pour le sauver. Le pays va mal et il est urgent d’agir. Maintenant que les institutions sont en place, le gouvernement doit aller à pas double dans les réformes et les mesures pour résorber le déficit économique et social.

LA REFORME DE LA CONSTITUTION

L’ambition de changer le cadre juridique de la gouvernance politique à travers une nouvelle constitution a été largement partagée par les burkinabè. En particulier après le soulèvement populaire du 30 octobre 2014, la voie d’une constitution renouvelée était ouverte sous la transition.Le passage à la cinquième république souhaité n’a pas été effectuée pendant la transition et aujourd’hui le pouvoir en place entend combler ce désir des burkinabè. Le processus de révision constitutionnelle comporte cependant quelques inconnues qui pourraient entacher son caractère démocratique. L’une des éventualités les plus fortes de la révision est l’adoption du modèle parlementaire. Cette proposition, fortement voulue par certains hommes politiques, si elle n’est pas suffisamment appropriée par les burkinabè, pourrait aggraver le divorce entre les citoyens et les institutions républicaines.

Les burkinabè ont déjà envoyé un signal fort au parti au pouvoir lors des dernières élections municipales du 22 mai 2016. Les autorités sont appelées à éviter le passage en force et privilégions le dialogue ouvert qui va nettoyer le passif du Burkina Faso.


Fait à Ouagadougou , le 03 juin 2016

Le Cercle d’Eveil et le RESOCIDE
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