la pauvreté n’est pas un phénomène unidimensionnel pouvant être résolu de façon sectorielle.C'est d’un problème multidimensionnel qui nécessite des solutions multisectorielles.

Les droits des femmes sont des droits, théoriques ou réels, dont la défense est un objectif afin de parvenir à une société plus égalitaire.

tout être humain âgé de moins de dix-huit ans, sauf si la majorité est atteinte plus tôt en vertu de la législation qui lui est applicable

L’éducation est un droit essentiel, qui permet à chacun de recevoir une instruction et de s’épanouir dans sa vie sociale.

S’il n’y a pas de vie, les autres droits fondamentaux n’ont plus de raison d’exister.Le droit à la vie est un droit universellement reconnu pour tous les êtres humains.

Transition du MPSR-II : L’OPTION TOUT MILITAIRE EST UNE IMPASSE POLITIQUE



Alors que ses résultats sécuritaires sont inconsistants

et qu’il se perd à vouloir gérer toutes les petites affaires de l’État,

le régime d’exception militaire du MPSR-II est de plus en plus

nerveux, ouvrant une vaste chasse aux sorcières contre ceux

qui mettent un point d’honneur à appeler un chat un chat.

              I- La république contre le faso ?

Réglage logistique. Devant un patient dont la fièvre persiste, il y a le médecin qui, affrontant la réalité en face, n’a de cesse de chercher un autre remède, quel qu’il soit, y compris contre son premier diagnostic ; et il y a le médecin qui, fuyant la réalité, casse le thermomètre pour ne pas dédire son premier diagnostic, au risque de mettre la vie de son patient en danger. Le premier accepte l’échec sans baisser les bras ; le second le refuse sans remettre en cause sa médecine.

Telle est aujourd’hui la situation du Burkina Faso. Attaqué par une terrible maladie qui ne veut pas rendre les armes, ceux qui sont expressément chargés de la combattre n’ont plus d’autre remède pour faire taire les détracteurs qui leur renvoient la réalité de la situation militaire en pleine figure que de casser le thermomètre. Même les plus modérés ne comprennent pas cette obstination à appliquer un remède sans résultats tangibles depuis huit mois déjà, nonobstant les promesses tonitruantes ayant accompagné l’arrivée au pouvoir des militaires du MPSR-II — tout, ou presque, n’était que question de réglage logistique…

Chasse aux sorcières. La propagande ayant perdu tout effet, et les menaces répétées à l’envi tournant au ridicule, voilà qu’une vaste chasse aux sorcières est lancée contre tous ceux qui portent sur le devant de la scène, à haute et intelligible voix, sans plus de précaution, ce qu’une grande partie des Burkinabè pensent tout bas. Par définition, cette majorité silencieuse est moins bruyante que les groupes d’activistes intéressés personnellement au maintien au pouvoir des militaires du MPSR-II, mais pourtant elle n’est pas aveugle : si ce régime d’exception militaire avait des trophées à brandir, il ne s’en priverait pas — même dans l’évaluation des personnes déplacées intérieures (PDI), le Premier ministre Me Apollinaire Kyelem fait procéder en grande pompe à des recomptages pour finalement annoncer devant l’Assemblée législative de transition un taux de réinstallation ne dépassant pas… 0,5 %, preuve irréfragable que « la peur a changé de camp !  » [1]. À défaut de trophées, on atermoie, on prend des airs convenus, et on annonce que la guerre sera foudroyante pour nos ennemis, qu’elle n’a pas encore commencé, mais que bientôt elle va commencer, et que ce commencement est tellement imminent qu’il va surprendre tout le monde — y compris ceux qui la font ? Toute proportion gardée, la guerre sous le régime du MPSR-II, c’est un peu le Désert des Tartares de Buzzati ; ou, pour prendre une référence plus triviale, l’Arlésienne… On en parle plus qu’on ne la voit jamais dans ses résultats.

Et comme l’ennemi déjoue tous les calculs des militaires mobilisés sur tous les terrains d’opération, on procède à l’interpellation et à l'interrogatoire de tous ceux qui le constatent, par métier et par patriotisme : journalistes, activistes de la société civile, intellectuels, hommes politiques — et demain, hommes d’affaires, hauts fonctionnaires, commerçants, tenanciers de maquis, puisque dans un régime d’exception militaire personne n’est à l’abri des fantaisies de l’arbitraire. On le fait avec des chefs d’accusation dignes d’une série télévisée, on dramatise l’interpellation ou la convocation, on garde à vue, on perquisitionne, on saisit les appareils électroniques, on tente de percer les codes d’accès aux données prétendument sensibles, et, tandis que la capitale bruisse de rumeurs plus folles les unes que les autres, on finit par relâcher les quidams les uns après les autres ; là encore, la réalité des faits est plus têtue que les fantasmes de ceux qui ont mis en branle — pour rien — ce lourd et coûteux dispositif de police ou de gendarmerie.

Il y a, hélas, ceux qu’on parvient à faire déposer à la MACO, non pas pour quelque petit délit d’expression, mais pour des faits concordants d’atteinte grave à la sécurité  — ou tout ce qui revient au même dans le Code pénal, que ce soit ou non tiré par les cheveux, comme, par exemple, le délit de non-dénonciation de délit —, dont on attend de connaître le menu pour juger de la consistance des réquisitions prises à leur encontre, sous l’œil attentif du pouvoir exécutif. Entre certaines mains dociles ou zélées, le droit, ses arguties, ses ambiguïtés, ses silences et son arbitraire toujours dissimulé derrière des principes généraux, est une mine pour espérer intimider ceux qu’on veut réduire au silence, faute de mieux — ou en attendant pire, qui sait ?

Mouvement décolonial. Aucun médecin ne peut préconiser un remède efficace s’il s’appuie sur un diagnostic faux ou biaisé par le seul souci de vouloir paraître plus médecin que tous les autres médecins réunis. On n’est pas médecin seulement d’autorité, mais de pratique. Il y a la théorie, apprise sur les bancs de la faculté ; et il y a la clinique, apprise dans son cabinet, face à face avec des malades. À l’évidence, les militaires du MPSR-II manque de clinique. 

L’ex-président Damiba, lui-même membre du MPSR et figure éminente de la première prise militaire du pouvoir civil, le confessait sans détour : s’il s’agissait de tuer tout le monde, ce serait simple ; et d’ajouter que l’essentiel des combattants armés sont des Burkinabè — ce que le Premier ministre Me Apollinaire Kyelem vient encore de confirmer avec dépit devant les honorables de l’Assemblée législative de transition : « Ceux qui nous attaquent là, c’est des Burkinabè ! [2] » Peut-on parler de guerre lorsque, en face de nos soldats, il y a des hommes tout aussi burkinabè qu’eux-mêmes ? Certes ces hommes révoltés peuvent être influencés par l’extérieur, voire épaulés par des combattants d’une autre nationalité, mais aujourd’hui le nombre fait la qualité. Le Burkina Faso est confronté à une insurrection où des Burkinabè affrontent des Burkinabè, et cette insurrection est politique, dans sa nature, dans son développement et dans sa résolution [3]. L’idéologie religieuse y a sa place — comme jadis l’idéologie marxiste y avait la sienne —, mais le cœur nucléaire de ce mouvement touchant la quasi totalité des communautés rurales du pays est la contestation de l’État républicain, lui-même incarné et défendu à profit par les élites urbaines depuis l’indépendance formelle du Burkina Faso. Pour reprendre partiellement les analyses du philosophe Mohamad Amer Meziane [4], en Afrique, tout mouvement qui s’attaque à la sécularisation de la société et à l’État-nation, comme avatars et métastases de la colonisation, est un mouvement décolonial. Ce renversement de perspective n’est pas facile à envisager, puisque parmi les tenants les plus radicaux de l’anti-néocolonialisme eux-mêmes, dont la figure de proue en Afrique de l’Ouest est Kemi Seba [5], on préfère s’abstenir de trop de commentaires à ce sujet, laissant la main-mise du jihadisme religieux reléguer au second plan la dynamique profonde de l’insurrection en cours presque partout dans le Sahel. Il est parfois plus commode de s’arrêter sur l’arbre plutôt que de voir la forêt qu’il cache — ce qui, nulle part dans le monde, n’a jamais effacé la forêt.   

Pour le dire directement, au moins à titre d’hypothèse pour qui manque de familiarité avec les subtilités de la recherche scientifique, les insurgés et ceux qui en soutiennent le projet politique — et pas forcément tous les moyens de combat — dans les populations rurales proclament haut et fort qu’ils aspirent à retrouver leurs frontières naturelles de sable contre les frontières arbitraires de papier, qu’ils veulent s’affranchir du prêt-à-porter politique des élites urbaines et de l’oligarchie stato-libérale — terme convenu pour désigner les corrompus ayant, au sein de notre État, établi à vie le siège social de leur fonds de commerce mafieux —, et, surtout, qu’il existe dans l’histoire et dans les cultures des peuples burkinabè des formes institutionnelles plus à même de contribuer à l’émancipation partagée de chaque communauté au sein de la Nation. Ce que ne renierait pas forcément Thomas Sankara, dont le faso [6] est une manière plus révolutionnaire de liquider la république héritée de la colonisation, à commencer dans le nom du pays et de ses habitants — ce qui n’a rien de folklorique, ou de botanique par comparaison avec l’usage réticent de nos prénoms du village, puisque ses héritiers malgré lui acceptent, aujourd’hui, de mourir les armes à la main, et en grand nombre, pour faire entendre la voix discordante d’une sorte de faso communautaire [7].  

À suivre :

À Guerre sale, sale paix [2/4]

Dr Évariste Konsimbo

Président du Cercle d’Éveil

[1] Me Apollinaire Kyelem, Premier ministre, Discours à la Nation, Assemblée législative de transition, 30/05/2023. À la date du 23 mai 2023, plus de 20 457 ménages, comprenant plus de 125 227 personnes, sont retournés dans leur localité d’origine, selon un décompte non exhaustif — et non contradictoire — des autorités.

[2] Me Apollinaire Kyelem, Premier ministre, Réponses aux honorables, Assemblée législative de transition, 30/05/2023.

[3] Il ne s’agit pas de nier la présence sur le territoire national de relais d’organisations islamistes d’envergure internationale, comme Al-Qaida ou État islamique, mais de souligner qu’en se focalisant, aujourd’hui encore, sur cette présence, on perd de vue que ces organisations ont pris pied dans des communautés de longue date en rupture de ban, non pas de leur fait, mais du fait de la gouvernance républicaine. L’approche exclusivement militaire de cette crise politique revient à vouloir éradiquer un virus sans jamais poser la question de l’état immunitaire du patient et du sens que celui-ci entend donner à sa vie. La gouvernance républicaine est donc la question centrale, laquelle n’est d’aucun ressort militaire.

[4] Mohamad Amer Meziane. Des empires sous la terre, histoire écologique et raciale de la sécularisation, La Découverte, Paris, 2021.

[5] Kemi Seba, président de l’organisation non gouvernementale Urgences panafricanistes, a pris fait et cause pour les États en place, considérant que le mouvement jihadiste fait partie intégrante d’une action de déstabilisation des pays africains instrumentalisée par les oligarchies occidentales. Il a même préconisé d’envoyer au front des brigades de volontaires issus de son organisation, anticipant d’une certaine manière les Volontaires pour la défense de la patrie (VDP) du pouvoir d’exception militaire du MPSR-II.

[6] On peut faire une lecture verticale de l’ordonnance 84-043/CNR/PRES portant changement d’appellation et symboles de la Nation, celle qui l’a emporté avec la rectification républicaine de Blaise Compaoré, où le Burkina (comme État) efface le Faso (comme entité politique, ou révolutionnaire). On peut aussi constater, sur la base de l’article 3, que le Faso ne se confond pas nécessairement avec le Burkina, qu’il jouit d’une sorte d’autonomie, puisqu’il est défini comme : « (…) l’entité juridique et politique, le foyer imprescriptible où souffle le vent vivifiant de la liberté et de la dignité qui redonne au peuple toute sa grandeur et fait de lui, l’allié naturel de tous les peuples du monde qui partagent les mêmes idéaux de liberté et de dignité. (…) » Ce qui circonscrit le territoire du Faso sankariste, c’est la portée du souffle de la liberté et de la dignité — dont Sankara souhaite qu’il se confonde avec le territoire géographique du Burkina, mais sans certitude, puisqu’il ajoute dans son ordonnance : « Le Faso [et non pas le Burkina] est la patrie du peuple révolutionnaire du Burkina. » Pour qui considère l’État du Burkina comme une tyrannie républicaine à l’encontre des provinces sous son administration, le faso et sa dynamique révolutionnaire pourrait figurer une voie de recours — d’où le fait que certains se demandent si, dans cette crise majeure, le Burkina Faso a besoin de plus de république, ou de plus de faso.

[7] Par pure provocation, voici une question que l’emprise militaire empêche de poser alors qu’elle place le débat politique, social, culturel, voire civilisationnel, au point crucial : où le faso et son idéal sankariste est-il plus une réalité, à Ouagadougou, ou dans la périphérie de Djibo ? Qui incarne le plus la liberté et la dignité aux yeux de ces millions de jeunes ruraux dont la vie dépasse à peine le seuil de survie ; ces militaires qui viennent continuer par la force ce que la loi républicaine a échoué à faire par la persuasion ou la propagande, ou ces “héros improvisés“ qui, parfois avec des moyens d’une barbarie sans nom, leur donnent l’espoir que leur vie vaut plus que la misère et la honte auxquelles elle a été réduite ? Remontons même plus loin dans notre histoire. Qui dans le conflit actuel incarne l’héritage de la guerre du Bani-Volta de 1915-1916 ? Notre armée républicaine, descendante de l’armée coloniale et de ses supplétifs, et bras armé de la conversion républicaine des provinces, au point d’avoir usurpé, quasi continument, le pouvoir politique depuis l’Indépendance ; ou ces insurgés qui refusent désormais que les “étrangers“ de la ville continuent de se mêler de leurs affaires et qui réclament leur souveraineté et leurs territoires comme au temps où les villages nouaient des liens d’allégeance avec des maisons de guerre ? Voir à ce propos : La Guerre coloniale du Bani-Volta, 1915-1916 (Burkina Faso, Mali), Patrick Royer ; in Sociétés dans la guerre, Autrepart, n° 26, Presse de Sciences Po, Paris, février 2003.

Ces questions, un militaire en opération ne peut pas se les poser ; seuls les intellectuels, les scientifiques, les journalistes, la société civile, les citoyens le peuvent, qu’il faut protéger contre tout pouvoir politique qui prétendrait régler la société et ses moyens d’expression comme dans une caserne, par le bâillon et la trique.

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GNWL 2022 Giving Tuesday

 Girl Now, Woman Later, Inc tient à remercier nos donateurs du Giving Tuesday 2022 d'avoir fait de l'atelier éducatif sur la santé menstruelle de décembre une expérience d'apprentissage pour nos écolières du WENDPOUIRE SAABA HIGH SCHOOL.



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Réconciliation nationale : « Avec la venue de Blaise Compaoré, on entre dans le vif du sujet », estime Évariste Faustin Konsimbo


 Dans cette déclaration parvenue à notre rédaction, Évariste Faustin Konsimbo, président du Comité exécutif du Cercle d’Éveil, estime que la venue de Blaise Compaoré offrait l’occasion de rentrer dans le vif de la réconciliation. « Un tabou est tombé ce 8 juillet 2022. Avons-nous collectivement la force, le courage, la maturité d’en faire un atout pour reprendre en main notre destin, sans craindre, à un autre tournant de l’histoire, que le passé nous rattrape pour une nouvelle fois nous mettre à terre ? », s’interroge-t-il.

La fin d’un tabou politique

À l’invitation des autorités de la Transition conduite par le Lieutenant-Colonel Paul Henri Sandaogo Damiba, Blaise Compaoré est finalement venu le jeudi 7 juillet 2022 au Burkina Faso, sa terre natale. Une venue discrète, sans tambour ni trompette, si loin de la démonstration de force, d’arrogance et de mépris qu’annonçaient, dans les médias et sur les réseaux sociaux, tous les détracteurs de cette initiative présidentielle, si prompts à prêter aux autres leur esprit de revanche.

Hystérie. On serait tenté de descendre dans l’arène pour répondre mot pour mot à ce déferlement de rancœurs, d’insultes, de mensonges, d’outrances, d’incongruités, de fantasmes et pire encore ; chacun cherchant à l’avantage de sa faction politico-médiatique le mot qui tue. Celui-ci parlant d’« une entente mafieuse », celui-là voyant l’ex-président Compaoré comme « un homme lâche », cet autre affublant l’initiative du président Damiba de « parjure »… Que de rhétoriques au service d’une cause qu’on aimerait pourtant dénuer d’arrière-pensées et de manœuvres politiciennes tant elle est vitale pour notre peuple.

On serait tenté de briller avec autant de passion et de mauvaise foi, mais ce serait manquer l’enjeu de cette volonté aboutie du président du Faso de réussir l’invraisemblable : rassembler autour d’une table, sur la terre des ancêtres, tous les anciens chefs d’Etat du Faso, sans aucune discrimination, ni tenir aucun compte de leur condition, y compris judiciaire pour engager franchement un processus de réconciliation qui, jusque-là, se payait juste de mots. Au fond, chacun des participants est venu en ambassade pour exposer, au besoin sous couvert de l’immunité temporaire qui sied à ce genre de mission, la part qu’il est prêt à apporter à l’effort national de réconciliation que tant de Burkinabè appellent de leurs vœux, et pour beaucoup parmi eux, de leurs larmes.

En 2019, l’appel de citoyens et de personnalités d’horizons divers , n’avait d’autre but que de poser les bases pour imaginer de manière participative la mise en œuvre d’un processus de réconciliation, à l’instar d’autres pays dans le monde, confrontés comme le Burkina Faso à des situations devant lesquelles les institutions ordinaires étaient impuissantes à ramener durablement la paix et la concorde nationale. C’est cet état d’esprit, fait de discernement, de courage et de modestie, qui est aujourd’hui menacé par des postures et des comportements qui frisent l’hystérie, deux factions irréductibles prenant en otage une majorité silencieuse pourtant première victime de la crise où se débat le pays.

Orthodoxie. L’avantage de cette séquence à très haute intensité symbolique est de mettre en évidence les deux conceptions de la réconciliation qui, jusqu’ici, s’affrontaient en coulisse, à fleuret moucheté, avec le souci de dérober aussi longtemps que possible le fond du débat. La venue de Blaise Compaoré jette à terre les masques, chacun des protagonistes de ce débat étant sommé, devant l’opinion publique, de donner un contenu concret à ce besoin de réconciliation né des problèmes politiques que la Stratégie nationale de réconciliation (2022-2026) place au premier rang des six catégories identifiées de besoins de réconciliation. Avec cette venue, on entre enfin dans le vif du sujet, ce qui a toujours incommodé les rhéteurs, plus à l’aise avec les phrases qu’avec les choses de la vie, là où les attend pourtant la masse des Burkinabè.

La panique qui s’empare de ceux qui font de la réconciliation un simple bruit de fond montre qu’un point névralgique a été touché. Pour eux, la réconciliation est une longue suite d’à priori, de principes, d’injonctions qui, mis bout à bout, reviennent à rendre impossible tout processus de réconciliation un peu comme la flèche paradoxale de Zénon faisant du sur-place au lieu d’atteindre sa cible. C’est ce cercle vicieux de l’immobilisme que les autorités de la transition ont voulu rompre en brisant un tabou politique.

Face à cette conception lénifiante de la réconciliation, la réunion de tous les anciens chefs d’Etat se devait de montrer que la réconciliation dont a besoin le peuple du Burkina est une réconciliation à construire de toutes pièces, par le débat, et sans jamais chercher à faire simple là où, à l’évidence, les choses sont plus complexes. Inviter Blaise Compaoré à venir au Burkina, le temps d’une ambassade politique, s’apparente pour le Président Damiba à un moment de réalisme, ce qui suppose que la condition même d’un processus de réconciliation pourrait se révéler tout simplement impossible et qu’il faille cesser de s’illusionner à ce sujet en se tournant vers de nouvelles pistes.

Là où certains voient une ouverture en toute bonne foi sans chercher à invalider le recours aux institutions ordinaires, d’autres se braquent d’entrée de jeu et ferment toute initiative en contradiction avec leur orthodoxie de pensée, et plus sûrement avec leurs intérêts de faction politico-médiatique. Rien de pire pour étouffer les voix du débat que de convoquer des grands mots, de jouer sur les sentiments, de simuler l’apocalypse. Les petites mains de ces études rétrospectives et prospectives ne manquent pas, embrouillant l’opinion publique avec une vision hallucinée de la réalité politique du pays.

Rien n’est encore décidé, puisque cette réunion des anciens chefs d’Etat est là pour préparer les Assises de la réconciliation qui devraient avoir lieu en août prochain, mais on cherche à abuser le commun des Burkinabè en lui faisant croire que tout est décidé, que la seule venue de Blaise Compaoré suffit à évaporer sa condamnation par un tribunal du Faso, alors que le chantier est immense et que seuls des débats pourront faire ressortir des solutions de consensus. L’initiative du président Damiba doit être prise comme l’occasion de poser les bonnes questions, en toute franchise, de mettre sur la place publique les idées les moins politiquement correctes, et d’affuter ses arguments, les cris d’orfraie ne sachant en tenir lieu. Libérer la parole publique n’est un danger que pour ceux qui ont fait profession de la confisquer et qui, par pur intérêt de faction, refusent d’entendre les voix des sans voix, au nombre duquel, bien sûr, et avant tout, la voix des victimes, mais des victimes de tous les bords.

Stratagème. Certes, l’ex-président Compaoré a été condamné à perpétuité, condamnation dont il n’a pas fait appel puisqu’il récuse les conditions exorbitantes du droit commun dans lesquelles ce procès a été rendu possible, au point de soulever une suspicion légitime à l’encontre de ceux qui l’ont organisé et de ceux qui l’ont conduit, par esprit de service, comme il se doit pour des magistrats. Dans cette mission d’ambassade qu’il a acceptée de remplir, dans l’unique but de donner une chance réelle de lancer un processus de réconciliation digne de ce nom, en quoi sa présence, 48 heures , au Burkina revient-elle à mettre le destin d’un homme au-dessus de la justice burkinabè ? Si tant est qu’il s’agisse uniquement d’un homme et non pas d’une fraction importante des citoyens se reconnaissant dans cet homme, fraction qu’on ne peut pas simplement écarter d’un revers de main, sauf à appeler celle-ci, à un moment plus favorable, à renverser à nouveau l’ordre des choses à son profit, et ainsi de suite jusqu’à quand ?

Ceux qui s’élèvent par principe et dogmatisme contre cette initiative imaginent-ils un instant qu’un ambassadeur accepterait une mission qui, dans son essence même, l’assure soit de rentrer la tête sous le bras, soit de finir captif à vie ? Toute partie à un conflit sait aussi que pour engager des pourparlers, il est plus pratique de suspendre les hostilités, la notion, même si elle n’est pas d’usage dans l’ordre pénal, existe aussi en droit, où une partie condamnée demande un sursis à exécution, ce qui ne remet nullement en cause le travail du juge ayant prononcé la condamnation.

S’il faut se préoccuper des états d’âme des magistrats ayant vidé la cause du procès de l’assassinat de Thomas Sankara, que dire des articles 219-6 et 219-7 du code pénal portant grâce et amnistie des peines judiciaires ? Nul magistrat au moment où il commence un procès n’ignore l’existence de ces dispositifs qui, in fine, peuvent avoir raison de sa décision, ce qui n’empêche aucun magistrat de poursuivre son office. Ni la grâce, ni l’amnistie ne sont des dénis de justice ; au contraire, ce sont des moments de justice, l’une suspendant la peine à l’actif de l’exécutif, l’autre annulant le caractère délictuel des faits à l’actif du législatif. L’autorité judiciaire n’ignore donc pas que ses décisions peuvent être suspendues ou annulées du fait de l’exécutif ou du législatif, qu’il s’agisse d’immunité, d’ordre public, de raison d’Etat ou de souveraineté. Ne s’en étonnent que ceux fétichisant l’autorité judiciaire au point d’en faire une chose abstraite, au-dessus de l’histoire des hommes alors qu’elle se rend en leur nom, et, pour tout dire, transformant ses décisions en châtiments…

S’il est évident qu’aucune réconciliation ne peut négliger l’un des protagonistes majeurs de la vie politique des quarante dernières années, quelle autre solution y a-t-il sinon que d’amener celui-ci à la table des discussions à part égale avec les autres protagonistes ? Si tel n’est pas le cas, autant avouer que cette réconciliation est soit un processus caduc, soit un processus a minima, autrement dit impuissant à espérer sortir le Burkina d’une situation de crise aussi complexe. Est-ce parce qu’ils ont peur d’appeler un chat un chat que toutes ces voix hystériques s’élèvent ? Bien que certains aient participé à la Commission de la réconciliation nationale (CRNR), ont-ils peur aujourd’hui d’avouer que la référence à un processus de réconciliation était un stratagème pour vider de son sens opérationnel ce processus et, in fine, l’invalider ?

Tutelle. Ceux qui brandissent l’Etat de droit pour exiger l’exécution ipso facto de la condamnation et du mandat d’arrêt ordonnés par le tribunal militaire oublient un peu facilement que ce même Etat de droit place une partie de l’appareil judiciaire, en l’espèce le parquet, sous l’autorité directe du pouvoir exécutif ; qu’il fait dépendre l’exécution des décisions judiciaires de la force publique et d’elle seule ; que le principe d’action de la force publique est en premier lieu la préservation de l’ordre public, y compris dans l’application des lois elles-mêmes ; et que, dans l’ordre national comme international, il peut de surcroît se prévaloir de la raison d’Etat pour échapper à certains de ses propres principes. Dans un régime républicain, l’autorité judiciaire est par essence placée dans une position de tutelle ; vis-à-vis du législatif, pour sa matière première, les lois ; et vis-à-vis de l’exécutif, pour la sanction de son travail, l’exécution des décisions judiciaires.

Dans l’absolu, toute décision judiciaire a une histoire politique, a fortiori la décision ayant condamné à la prison à perpétuité l’ex-président Compaoré pour attentat à la sûreté de l’État et complicité dans l’assassinat de l’ex-président Sankara. Par une loi de révision constitutionnelle en date du 11 juin 2012, l’assemblée nationale avait accordé « une amnistie pleine et entière (…) aux chefs de l’État du Burkina Faso pour la période allant de 1960 à la date d’adoption des présentes dispositions. », ce que le président par intérim du Burkina Faso, Michel Kafando, rappelait utilement le 2 décembre 2014. Suite à un renversement du rapport de force politique, le 5 novembre 2015, les députés du Conseil national de la Transition adoptaient à leur tour la loi constitutionnelle 072-2015/CNT abrogeant ladite amnistie.

Quelques jours auparavant, le 27 novembre 2014, ce revirement avait été précédé par la manifestation du fait du prince, cette fois en la personne de Michel Kafando lui-même : « J’ai aussi décidé, par le fait du prince, que les investigations pour identifier le corps du Président Thomas Sankara ne seront plus assujetties à une décision de justice, mais seront du ressort du gouvernement. D’ores et déjà, aujourd’hui même, cette autorisation est accordée ».

Enfin, fort de ce nouveau dispositif politique, voire politicien, le ministre de la Défense a pu instruire l’autorité judiciaire d’ouvrir une enquête à propos de l’assassinat de l’ex-président Sankara, sans même évoquer ici l’épineuse question du gel du dossier pendant des décennies et son activation par volonté politique ( Michel Kafando et Roch Marc Christian Kabore).

Discrimination. En l’espèce, ce n’est pas tant ce revirement de légalité qui interroge l’interprétation restrictive qui en a été donnée. Soit le 15 octobre 1987, un crime de sang a été commis contre Thomas Sankara, mais pourquoi ignorer tous les autres crimes de sang commis avant ce jour par le CNR, que ce même Thomas Sankara présidait ? Pourquoi cette discrimination dans les crimes et dans les coupables, sinon à des fins partisanes ? Sauf à titre procédural, l’autorité judiciaire n’ayant pas eu l’initiative du procès contre les présumés assassins de Thomas Sankara, c’est un procès qui ne parviendra jamais à effacer sa tare politique, si bien que, au lieu de refermer le front ouvert dans la société burkinabè par la période révolutionnaire et sa rectification par le régime de Blaise Compaoré, il le tient grand ouvert. Si l’on veut que les magistrats lavent plus blanc que blanc, encore faut-il que tout le monde dépose devant eux son linge sale !

Il ne peut y avoir Compaoré sans Sankara, ni Sankara sans Compaoré, c’est la leçon de cette séquence dont les suites empoisonnent la vie politique et sociale des Burkinabè. L’un et l’autre sont nés et partis par l’exception d’un coup de force, dont il faut cesser de dédouaner l’un pour accabler l’autre. Ce déséquilibre dans le traitement des faits ne peut produire qu’un déséquilibre incident partout dans la société au point que chacune des factions qui la compose finit, à un moment ou à un autre, par perdre toute mesure, au risque de saborder nos institutions et notre patrie. Voilà exactement ce qui se passe à nouveau avec la venue de Blaise Compaoré où chacune des factions rassemblées derrière Thomas Sankara ou derrière Blaise Compaoré cherche le prétexte d’envoyer l’autre KO à terre, piétinant du même coup l’idée de réconciliation.

Dans cette lutte sans fin, de chats et de chiens, il est vrai que Thomas Sankara bénéficie d’un avantage que Blaise Compaoré a lui-même contribué à lui accorder en choisissant de traiter par l’indifférence son rôle pendant la période révolutionnaire. Pas à pas, ses partisans l’ont sorti de la bourbe des évènements pour construire un mythe à la mesure de leur frustration d’avoir à supporter à la tête de leur pays celui qui mit brutalement fin à l’aventure révolutionnaire. Ce que les partisans de Compaoré n’ont pas su faire, laissant leurs adversaires le charger en permanence des pires forfaits. Dans ce jeu de reconstruction de virginité, Blaise Compaoré a perdu la partie : plus on le judiciarise, moins on historicise Thomas Sankara. Comme aucun prétoire au monde n’a jamais condamné pour assassinat d’un mythe, il se trouve seul à subir la foudre des magistrats et à écoper de la perpétuité — moins agréable que celle d’un héros au panthéon burkinabè.

La vie ou la mort. À l’évidence, les magistrats ont, du point de vue de la loi dont ils ont mission à appliquer, fait leur travail sur la matière pénale qu’on a mise à leur disposition , et elle seule. Mais face à cette vérité judiciaire et à ses fragilités, que dire des historiens, des idéologues, des intellectuels, des journalistes, plus enclins à fouiller les fonds de tiroir de Blaise Compaoré que les fonds de tiroirs de Thomas Sankara, contribuant, au mieux par abstention, au pire par compromission, à forger l’image d’un saint liquidé par un monstre. Cette manière hagiographique de construire la vérité est, pour une grande partie, à l’origine du problème que souffre le Burkina Faso.

Voilà pourquoi le recours au triptyque « Vérité, Justice, Réconciliation » que tous les rhéteurs du moment ânonnent comme un bréviaire, est fallacieux. L’appel à la vérité n’a de sens que si cette vérité est documentée, à charge et à décharge, pour tous les protagonistes de la scène de crime. Or, pour l’un d’entre eux, Thomas Sankara, cette documentation a plus de trente ans de retard, ce qui est pratique quand les crimes visés relèvent d’une prescription extinctive.

L’appel à la justice, en fait à l’application du droit positif, si souvent en contradiction avec le concept même de justice, laquelle les gens ordinaires appréhendent, de bonne foi, au seul regard des choses de la vie courante, est pareillement dénué de sens lorsque les magistrats sont simplement appelés à se prononcer sur des faits et une matière pénale tronqués, forcés d’agir en mission commandée d’une cause aux ressorts éminemment politiques. Reste l’appel à la réconciliation, qui cette fois convoque non pas quelques chapelles ou experts, mais le peuple en son entier, avec pour mission, non pas de régler les affaires de quelques familles, mais d’élaborer collectivement une solution d’avenir pour le pays, pour la patrie, pour la majorité des citoyens. De là, le danger et la réaction radicale de tous ceux qui voudraient à nouveau en faire l’instrument de leur cause partisane, comme ils ont réussi à le faire avec la vérité et la justice.

C’est cette dernière étape que le président du Faso a décidé d’entamer le 8 juillet 2022, dans la logique du triptyque, puisque de l’avis même des parties au débat public les deux étapes précédentes ont été franchies. La chronologie a donc été parfaitement respectée entre ces trois ordres : « Vérité, Justice, Réconciliation ».

Chacun de ces ordres a ses règles et sa procédure qui déterminent son autonomie dans son champ de compétence, mais surtout, chaque ordre s’intègre à une dynamique dont le point culminant est la réconciliation. Et pourquoi la réconciliation est-elle culminante ? Parce que, contrairement par exemple à l’ordre judiciaire qui ne connaît que des causes individuelles dont la portée peut certes être collective dans certains cas, la réconciliation concerne, d’abord et avant tout, la nation et ce qui en est le ferment, le peuple souverain. Il faut le répéter, la réconciliation n’est pas là pour s’occuper de Thomas Sankara et de Blaise Compaoré à titre de fin, mais de simple moyen de parvenir à un consensus national et populaire.

La réconciliation ne défait, ne refait et ne fait aucun procès ; elle est au-delà de tout jugement, et pour cette raison ne saurait contredire la poursuite du travail de la vérité et de l’autorité judiciaire. Son but suprême est d’ouvrir une voie d’avenir à un peuple égaré par les luttes intestines de deux factions qu’il convient de renvoyer dos à dos au bénéfice de la majorité. La querelle des pères ne saurait ruiner la vie des filles et des fils, parce que, ce faisant, elle ruine la vie de la communauté en son entier : voilà ce que dit la réconciliation, et voilà ce que certains voudraient étouffer puisque la préservation de leurs petits intérêts individuels tient uniquement à la querelle des pères. Ici, la générosité, l’espoir et la vie ; là, l’égoïsme, la résignation et la mort ; tel est le choix qui s’impose à chacune et à chacun de nous, Burkinabè, en ce moment d’urgence nationale.

Coup KO. La réconciliation est donc ce processus par lequel il est possible de sortir de cette logique du coup KO dans laquelle sont enfermées ces deux factions et leurs alliés. Ceux qui aujourd’hui se déchaînent, dans un hybris sans précédent, contre la venue de Blaise Compaoré cherchent avant tout à perpétuer cette logique d’affrontement dont ils tirent leur substance politique et sociale. Pour eux, la réconciliation n’est qu’un prétexte à divertissement, une manière de tergiversation, dont la seule utilité est qu’elle monopolise les discours sans jamais advenir.

C’est cette logique que le président Damiba entendait rompre en invitant tous les anciens chefs d’Etat, sans autre considération que cette qualité, comme prélude à la mise en œuvre des 5 autres catégories de besoins de réconciliation identifiés par la Stratégie nationale de réconciliation (2022-2026). Il la fait en toute transparence, aux yeux de tous les citoyens, en comptant d’abord et avant tout sur l’intelligence des intérêts supérieurs du pays par les filles et les fils du Burkina. Il l’a fait en tablant sur la maturité de toutes les forces vives, partis politiques, intellectuels, société civile.

Un pas a été franchi, même si tous les invités, pour des raisons diverses, n’étaient pas présents physiquement à la réunion du 8 juillet 2022. Que faut-il faire maintenant que la voie est ouverte ? Renoncer au processus de réconciliation et laisser la main à la logique de l’affrontement partisan ? Donner à la réconciliation un sens a minima qui ne fasse que différer une nouvelle crise tout en apaisant sur le moment les tensions ? Accorder une chance supplémentaire à ce processus en le dépaysant moyen que la diplomatie et la justice utilisent à l’envie pour garantir la sérénité des débats ? Considérer que ce processus est vital pour notre nation et son peuple, tenir coûte que coûte, ici, sur la terre même de nos ancêtres, y compris au risque de malmener les certitudes des uns et des autres en renvoyant une certaine orthodoxie institutionnelle à meilleure fortune ?

La réponse à ces questions appartient à chaque Burkinabè, en toute bonne foi, en son âme et conscience, et sans perdre de vue que, dans l’histoire d’un peuple, les pages que l’on ne sait pas tourner à temps, à force de les lire et de les relire jusqu’à l’obsession, finissent par hanter comme un fantôme. Un tabou est tombé ce 8 juillet 2022. Avons-nous collectivement la force, le courage, la maturité d’en faire un atout pour reprendre en main notre destin, sans craindre, à un autre tournant de l’histoire, que le passé nous rattrape pour une nouvelle fois nous mettre à terre ? Si nous n’avons plus le temps de nous quereller comme des chiffonniers, avons-nous pour autant perdu le luxe de donner à notre patrie et à ses enfants le meilleur de nous-mêmes à travers une réconciliation réussie ?

Nous le pensons, nous l’écrivons, et nous prenons date contre tous les petits criquets de la pensée unique dont notre pays porte depuis trop longtemps les stigmates.

Le Président du Comité Exécutif

Dr. Evariste. Faustin. KONSIMBO


un artcile de lefaso.net

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COMMUNIQUE DU FORCEP (Forces civiles de réconciliation, de paix et de cohésion sociale)

 

Depuis l’engagement du Président du Faso d’initier un processus de réconciliation nationale et de cohésion sociale, matérialisé par la création d’un ministère chargé de la question, les réflexions vont bon train au sein de la population burkinabè. De manière individuelle ou organisée, les échanges se déroulent sur la pertinence, la démarche ou le contenu de la réconciliation nationale et la cohésion sociale.


Avant l’officialisation de la politique de réconciliation nationale, plusieurs groupes de citoyens avaient exprimé leurs points de vue sur la nécessité de réconcilier les burkinabé afin de pacifier le climat social et politique et d’atténuer l’incidence de l’insécurité qui a déjà causé tant de souffrances aux burkinabè.


Dans les perspectives du forum national sur la réconciliation nationale, dont l’idée a déjà été annoncée par le gouvernement, quelques citoyens se sont retrouvés sur la base de leurs affinités et de leur engagement pour initier des réflexions approfondies sur le processus de la réconciliation nationale. Réunis librement le 2 mai 2021, ils décidèrent de se constituer en une organisation citoyenne dénommée Forces civiles de réconciliation nationale, de paix et de cohésions sociale en abrégé FORCEP. Le but de ce regroupement informel est d’organiser une réflexion structurée et d’apporter une contribution concrète, d’abord à la formulation de la réconciliation nationale, puis aux échanges qui vont avoir lieu lors du forum.


L’objectif du FORCEP est d’accompagner le processus de la réconciliation décidé par le gouvernement. Plusieurs rencontres ont déjà eu lieu en vue de structurer l’organisation et la doter d’une direction adéquate. L’inclusivité dans la constitution du regroupement est le maitre mot du FORCEP pour cadrer avec l’esprit de la réconciliation, et toutes les organisations ou personnes ressources s’étant déclarées favorable au présent processus de réconciliation seront les bienvenues. C’est cette recherche de l’inclusion et la bonne foi qui a donné lieu à quelques remous constatés sur les réseaux sociaux. Pour cela, nous tenons à affirmer que le FORCEP n’est nullement une émanation du Ministre d’Etat chargé de la réconciliation nationale et de la cohésion sociale. Il est un regroupement libre, comme d’autres burkinabè peuvent en créer aussi librement, selon les lois en vigueur. Nous reviendrons plus tard dans d’autres parutions sur la coexistence d’acteurs de la société civile et d’acteurs partisans dans la direction du FORCEP.


Au passage, le FORCEP tient à préciser que si une majorité de burkinabè, la plupart du temps silencieusement, estime nécessaire la réconciliation nationale, peu d’entre nous sont en mesure d’en concevoir la forme, le champ, le contenu et les modalités. Tous ceux qui s’adonnent à des jugements de valeur portant sur les personnes, sont surtout attendus dans les propositions pour aider leur pays. C’est dans la qualité des


propositions sur l’avenir de ce pays qu’on devrait pouvoir évaluer le patriotisme des fils et filles du pays, et non dans la divination obscure sur « l’échec garanti » de tel ou tel responsable. Certains se prononcent déjà sur l’issue du processus comme s’ils étaient eux-mêmes des experts ayant conduit avec succès plusieurs processus de réconciliation nationale, donc en mesure de présager de ses chances de réussite.


Le FORCEP entend relever le défi de l’innovation du modèle burkinabè de réconciliation nationale. Rappelons que les deux modèles précédents et réussis de réconciliation,  celui  sud-africain  et  celui  rwandais diffèrent  tous  deux  dans  leurs démarches et doivent leur succès à la capacité des gens de ces pays à concevoir un modèle fondé sur les réalités historiques, sociales et politiques de leur pays. Aucun PTF n’a conçu les réconciliations sud-africaines et rwandaises. Les énergies des burkinabè doivent porter sur cette charge historique de notre peuple qui est loin d’être un jeu de récréation, plutôt que de se dissiper dans les stériles querelles irrationnelles et peu productives. Que chaque groupe dépose sa production et que puisse commencer la séance des réfutations. C’est sur des propositions concrètes que le débat devrait se faire, et non sur les affirmations suffisantes disant que « quand on voit telle ou telle personne, on sait que ça ne peut pas réussir ». Comme l’ont déjà prévu les sciences sociales et humaines, dans le mal burkinabè, les acteurs qui devraient soigner leur pays sont en même temps les malades, d’où l’extrême difficulté de vaincre le signe indien.


Devant les problèmes actuels (morts quotidiennes, déplacements de populations et pauvreté grandissante), aucune contribution ne sera de trop et ceux qui s’estiment capables devraient plutôt rivaliser dans l’apport de solutions et s’enorgueillir des résultats qu’ils pourront démontrer. Mais, comme le dit cette célèbre maxime qu’aimait à rappeler Norbert Zongo, « il ne faut pas compter sur ceux qui ont créé le problème pour le résoudre ».




Pour la Coordination Nationale


Siaka Coulibaly

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Rétrospective: Le journal CERCLE D’ÉVEIL dans son numéro 17 paru en août 2004.

En dessous le journal en PDF. A lire, télécharger sans modération. 



Cercle d'éveil n°17

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FORUM ALTERNATIF DES CITOYENS-FORAC





Communiqué N°001


Nous citoyens du Burkina Faso comprenant des acteurs de la société civile, des intellectuels, des hommes de médias, des travailleurs, des femmes et des jeunes et vivant à l'intérieur et à l'extérieur après une analyse approfondie de la vie nationale, constatons que notre pays est confronté à d'énormes difficultés au plan politique, judicaire, sécuritaire, social et économique. Ces insuffisances constituent des handicaps à son développement et des menaces sérieuses tendant à hypothéquer l’avenir de ses nombreux filles et fils.

Aussi : :

Considérant les menaces sécuritaires graves caractérisées par une occupation du Sahel burkinabè, occasionnant un drame humain et matériel et appelant une volonté politique ainsi qu'une réponse sécuritaire à la hauteur de la situation,

Considérant les difficultés de la relance économique dont les effets sont dramatiques sur l’existence des entreprises et des ménages,

Considérant les nombreuses décisions sujettes à caution de la justice burkinabé laissant voir une indépendance judiciaire encore de façade
au moment où le besoin de justice, de vérité et de réconciliation manifesté par l'ensemble des citoyens est indispensable à la consolidation de l'unité nationale et la paix,

Considérant le désir ardent d'un renouvellement de la classe politique et conséquemment de celle dirigeante à divers échelons par un personnel plus neuf,



Considérant l'absence d'offre et de vision politique crédibles de la part de la classe politique ; la rareté de propositions, de perspectives et d’alternatives concrètes et innovantes au niveau des acteurs sociopolitiques par rapport à la gouvernance politique,

Considérant la remise en cause d'un certains nombre de valeurs et principes par les gouvernants dans la gestion des affaires publiques laissant libre cours aux contre-valeurs et aux abus,

Considérant le besoin urgent d'un nouveau contrat social tenant compte de la laïcité face aux multiples atteintes à divers niveaux des fondements de la République ainsi que le développement des réflexes identitaires et du communautarisme,

Considérant la baisse de prestige et la faiblesse de la puissance de l'État du Burkina Faso au plan régional et international en matière diplomatique et stratégique,

Convaincus que seule une réelle prise de conscience citoyenne, une organisation conséquente et une participation responsable au débat démocratique national en vue d'apporter des alternatives à tous les niveaux où se situent les enjeux, peut donner l'ultime chance à notre pays de répartir sur des bases nouvelles et solides qui offrent des solutions durables pour le présent et l'avenir,

Tenant compte de la situation nationale en lien avec les contextes passé, présent et nous projetant dans le futur,

Décidons de créer le Forum Alternatif des Citoyens en abrégé FORAC qui se veut être un mouvement citoyen non partisan ouvert à tout patriote désireux de contribuer à l'animation du débat démocratique au Burkina Faso. C’est une structure dont l’ambition est de constituer un foyer d’impulsion d’une vision centrée sur l’alternative nationale.

Nous appelons tous les citoyens Burkinabè, les leaders d’opinion et les démocrates de toutes les catégories sociales sans distinctions aucune à adhérer au FORAC.

Invitons les partenaires et les amis du Burkina Faso à apporter leur soutien aux actions démocratiques du FORAC pour lui permettre d’atteindre ses objectifs.

Il est mis en place des organes provisoires du FORAC chargés de son opérationnalisation par la conduite de certaines activités dont une assemblée générale. Ces organes sont :

I - Un Comité de pilotage composé ainsi qu’il suit :


NOM ET PRENOMS
PROFESSION
PAYS 
1
Evariste Konsimbo
Gestionnaire
Burkina Faso
2
Siaka Coulibaly
Juriste - politologue
Burkina Faso
3
Lookmann Sawadogo
Journaliste
Burkina Faso

4
Laura Souaïbou
Bloggeur- Analyste politique
Burkina Faso

5

Simon Kaboré
Négociant Exclusif/ Représentant Afrique de l’Ouest du FORAC

Côte D’Ivoire

II- Un Directoire composé ainsi qu’il suit : 
NOM ET PRENOMS
PROFESSION
PAYS
6
Dr Daouda Zouré

Economiste- Consultant international

Burkina Faso
7
Bandaogo A. Karim
Diplomate
Burkina Faso
8
Sylvie Ouédraogo
Ingénieur en électronique
Burkina Faso
9
Alain Dabilougou
Journaliste- Communicateur
Burkina Faso
10
Aminata Rachow
Agent de santé/ Cyber-activiste- Représentant Europe du FORAC
Allemagne
11
Abdou Ouédraogo dit Kabila
Informaticien /Cyber-activiste
Burkina Faso
12
Sanou D. Daouda
Ingénieur HQSE- Consultant International/ Représentant Afrique centrale et australe du FORAC
République démocratique du Congo
13
Yaya Sampebogo
Cadre des finances
Burkina Faso
14
Modibo Camara
Technicien supérieur de recherche CNRST
Burkina Faso
15
Sô Ousmane
Sociologue, Leader OSC
Burkina Faso

                                                       Fait à Ouagadougou le 23 mai 2018
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