La paix et la liberté

Le concept de paix, sous le pouvoir déchu, fut un leitmotiv galvaudé : on le rencontre dans les noms des associations le soutenant et les panégyristes du pouvoir en avaient fait l’argument massif de justification de leur adhésion, de leur soutien au pouvoir. On a fait croire que la paix est plus essentielle que la liberté alors que c’est l’inverse. Les théoriciens du contrat avaient déjà réglé la question. Hobbes avait fait de la paix et de la sécurité la finalité du contrat. Les hommes sacrifient leur liberté en l’échangeant contre la tranquillité. Les hommes transfèrent leur droits naturels au Léviathan qui leur apporte la stabilité, la paix alors que par nature ils sont portés à la guerre. Spinoza répliquera à Hobbes en ces termes “ si la paix doit porter le nom de servitude, il n’est rien de si lamentable que la paix“. Rousseau dira “ on vit tranquille aussi au fond des cachots“. Dit autrement : le prisonnier est en paix en prison mais il est prisonnier c’est-à-dire qu’il lui manque la liberté. On aura sans doute compris que c’est la liberté qui est essentielle. Pour Rousseau la finalité du contrat n’est pas la paix mais la liberté qu’il considère comme un bien plus précieux que la vie. Une autorité n’est légitime que si elle assure et garantit la liberté. Obéir à la volonté particulière, arbitraire et capricieuse d’un homme c’est renoncer à la liberté, donc à sa qualité d’homme. Par contre l’obéissance à des lois stables, impersonnelles et inflexibles loin d’altérer la liberté, la présuppose et la rend possible. Tout pouvoir de l’homme sur l’homme est illégitime et mauvais. “Aucun homme, avait déjà dit Diderot, n’a reçu de la nature le droit de commander à un autre“. La seule autorité légitime est celle de la loi qu’un peuple se donne à lui-même. Elle est très connue cette formule, désormais célèbre et sans doute trop répétée : “ l’obéissance à la loi qu’on s’est prescrite est liberté“.

La démocratie, mondialement célébrée, semble avoir la vocation à régler tous les problèmes humains, à assurer le salut sociétal. Ce qui est certain c’est qu’elle est le moins mauvais des systèmes politiques, elle permet l’épanouissement de la liberté même si au fond elle est la dictature du plus grand nombre.

La démocratie est une invention grecque. Plus généralement nous devons aux grecs cet art qu’on nomme politique qui consiste à parvenir à des décisions grâce à la discussion publique puis à obéir à ces décisions comme condition nécessaire pour une existence sociale. Mais la démocratie antique n’a plus rien à voir avec ce qui se déploie de nos jours. D’une démocratie participative nous sommes arrivés à une démocratie représentative dont la faiblesse essentielle peut se résumer en la présence absente ou l’absence présente(les représentants et les représentés).

                                       Pr Pierre G. Nakoulima
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