La horde sauvage des élèves du CEG de Nagaré (logobou, Tapoa)

Le but du système éducatif est de dispenser des enseignements, d’éduquer, de former, de créer les conditions de la réussite des élèves pour qu’ils soient des citoyens de demain, travailleurs, intègres, socialement accomplis et au service de leur pays.

Malheureusement, les derniers évènements survenus au CEG de Nagaré, commune rurale de logobou province de la Tapoa, montrent que les nouveaux objectifs seront difficiles à atteindre pour cette localité. Une semaine après la furie des élèves du CEG de Nagaré, l’école primaire, le CEG et les logements des enseignants portent toujours les stigmates de la violence .Les infrastructures se sont vidées de leurs occupants, faisant place à un calme plat .Le personnel d’enseignement et d’administration toujours dans l’émotion à trouvé refuge dans le village de Mahadaga (à 25 km), de Nagaré.

D’autres ont définitivement quitté la province de la Tapoa .Selon le Directeur du CEG Bama Babou , tout a commencé le Mercredi 13 Avril 2016 par une incompréhension entre le professeur de Maths et le chef de classe de 3ème Lompo Timothée .Le Mercredi 13 Avril autour de 09h, le professeur de mathématiques qui succède à celui du Français trouve le tableau à moitié effacé.

Il demande alors les raisons .Après les explications, il accorde un temps aux élèves pour finir de recopier la leçon de français .Le chef de classe Lompo Timothée envoya un bout de papier au carillonnaire disant de ne pas accorder une seule seconde de plus au professeur de maths. Le papier fut intercepté par le professeur qui exigea l’expulsion du chef de classe .Ce dernier refusa et c’est finalement avec le directeur qu’il fut expulsé. En voulant protester contre l’expulsion de leur camarade, les élèves de Nagaré organisèrent des grèves incontrôlées et incontrôlables.

Les élèves de Nagaré, futurs responsables du pays, ont déclenché une chevauchée sauvage contre leurs enseignants .Ils ont pourchassé et violenté des enseignants, brulé et saccagé leurs biens et même attenté à la vie de ceux qui leur donnent le savoir. Cet épisode dramatique qui s’est produit le Jeudi 14 Avril, a largement été relayé par la presse. Mais l’extrême gravité des faits commande qu’ont y revienne pour y tirer tous les enseignements nécessaires, afin que plus jamais ça ne revienne.

Les élèves du CEG de Nagaré ont poussé l’outrecuidance le Jeudi 14 Avril 2016 jusqu'à outrager un symbole fort de la république, le drapeau national.

« Quand ils sont arrivés, ils ont commencé par des jets de pierres sur nos toits. Ils ont perforé nos toits .Après ça, ils sont allés casser le mât du drapeau, enlever le drapeau, déchirer en deux, prendre essuyer leur sueur, traîner ça par terre» relate le directeur de l’école primaire publique de Nagaré, Sita Tinto. Les élèves ont banalisés et dépiécé le drapeau de leur pays.

Ils ont fait irruption dans une école primaire qui n’avait rien à voir avec leur mouvement pour y faire la violence brute .Des enseignantes ont été fouettées par les manifestants. Quel spectacle déroutant .Des élèves à qui on enseigne le civisme au quotidien, viennent de franchir le Rubicon en se comportant en parfaits «hors la loi » sans foi, ni morale ni loi.

Comme si cela ne suffisait pas, ils ont procédé à des destructions de biens publics et privés. Il faut l’affirmer, les actes posés à Nagaré méritent une condamnation et des sanctions fermes .IL n’honorent ni les élèves, ni les enseignants du CEG de Nagaré qui ont été manipulés par Timothée Lompo, un chef de classe indiscipliné, récalcitrant avec un esprit aventurier et destructeur. En attendant que des enquêtes plus approfondies nous fournissent d’autres explications, Timothée Lompo a refusé d’obéir aux ordres de son professeur de maths et aux ordres de son directeur de collège .Il renie ainsi l’autorité éducatrice et parentale qu’incarnent les enseignants.IL est l’homme par qui les évènements se sont produits à Nagaré.L’élève se soumet toujours à son éducateur, non le contraire .Des cas d’indiscipline, on en connaît dans les établissements scolaires du Burkina Faso, mais de là à mener une véritable chasse à l’homme, c’est inacceptable. Les élèves agissaient comme dans des camps de circoncision, poussaient des cris de guerre et frappaient le sol selon Barlemli Thiombiano, enseignant de français / Histoire-Géographie au CEG de Nagaré.

Pour la paix, on pourra passer une simple éponge pour que les cours reprennent, sans chercher à blâmer les meneurs de cette expédition punitive .Mais nous disons que fermer les yeux sur ce qui s’est passé à Nagaré nous rattrapera tôt ou tard car cela créera d’autres précédents. En vérité, la situation vécue à Nagaré est la conséquence d’autres situations vécues à travers tout le pays et qui sont restées impunies.

La sanction est éducative pour restaurer l’autorité de l’Etat, de ses agents qui y étaient en service et pour décourager d’éventuels fauteurs de troubles en milieu scolaire.

Par exemple en France, l’outrage au drapeau français et à l’hymne nationale « la marseillaise » est lourdement sanctionnée par l’article 440 du code de justice militaire par 5 ans de prison ferme.

Pour le cas de Nagaré, il faut éviter la sanction collective et procéder au cas par cas pour mieux identifier les vrais meneurs qui doivent écoper du maximum.

Par rapport à l’outrage aux emblèmes de l’Etat Burkinabé, il faut revoir les programmes scolaires et introduire l’instruction civique.

IL y a une matière instruction civique au primaire, mais au secondaire (collège et lycée), il ya toujours un vide. L’éducation civique tant prônée n’est pas enseignée ; il ya eu quelques formations isolées, mais sans aucune généralisation et application .Il faudrait donc que l’Etat revoit sa copie pour créer les bonnes conditions de l’enseignement, de l’éducation civique dans les lycées et collèges. Les associations comme le Cercle d’Eveil, les clubs UNESCO, RAJS, Afrique jeunesse etc. pourraient aussi jouer leur partition pour accompagner le processus.

L’heure est grave, l’incivisme est fréquent dans nos établissements et dans la vie de tous les jours .Il ne peut passer un jour sans que les radios et la presse en général ne fassent des dénonciations .En même temps se développe la consommation de drogue, la violence sous toutes ses formes en milieu scolaire.

C’est donc une alerte que nous lançons de notre modeste position, afin d’arrêter cette négative avant qu’il ne soit trop tard.

IL nous faut retrouver le plutôt possible, notre véritable « pays des hommes intègres».

Pour ce faire, la culture des valeurs de civisme, de citoyenneté, de patriotisme, d’intégrité et de paix dans nos structures scolaires en particulier est fondamentale pour un développement harmonieux du pays.

Aristide GUIGUEMDE

Professeur certifié d’Histoire-Géographie.

Membre du Cercle d’Eveil
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